1 – Présentation
Pour l’albatros, 1050 km séparent Brest de Menton. Son vol passe à la verticale de Redon, Thouars, Guéret, Clermont-Ferrand, Valence, Die et Colmars, au pied du col d’Allos.
Le chemin préféré du Diagonaliste traverse Josselin, Angers, Châteauroux, Montluçon, Roanne, St-Etienne, Valence, Die, Chateau-Arnoux et Nice. Il mesure 1350 km et la dénivelée totale dépasse 10000m, avec les cols du Grand Bois, de Cabre et de Toutes Aures.
Sur cette carte, la zone ombrée couvre l’ensemble de l’espace parcouru par les 32 itinéraires homologués ou programmés en 1994 et 1995. La distance calculée qui sépare Brest de Menton – vice-versa pour 3 itinéraires – varie de 1335 à 1480 km. Plus de la moitié des diagonalistes ne se contente pas de rechercher une trajectoire aussi tendue que celle de l’albatros. Certains pimentent leur aventure d’une chasse aux sites BCN-BPF, d’autres la corsent d’une ascension du Mont-Ventoux ou de la Bonnette. Quelques-uns s‘efforcent de se reposer quelques instants au gîte FFCT de Courpière ou n’hésitent pas à allonger leur parcours d’une cinquantaine de kilomètres pour “faire la bise” à un oncle ou une cousine.
Les cartes qui suivent, tout en illustrant ces parcours quelques peu erratiques, mettent bien en évidence la variété des trajectoires empruntées pour réaliser cette Diagonale Royale.
2 – Analyse des itinéraires
2.1 – De Brest à la Loire
Quasi-unanimité dans le choix du parcours entre Brest et Josselin (km 175), par Landerneau – Sizun – Carhaix – Silfiac et Pontivy. Quatre itinéraires seulement quittent la capitale bretonne par le pont Albert-Louppe et Le Faou, où 3 prennent une trajectoire parallèle à la précédente – mais plus accidentée – par Pleyben, Gourin, et Malestroit.
A Josselin, deux routes sont utilisées à peu près à égalité pour atteindre la Loire, à Ancenis (km 315) par Redon et Blain, ou à Angers-Ponts-de-Cé (km 355) par Châteaubriant et Candé.
L’itinéraire par Rennes, Laval, La Flèche et Tours qui prépare le contournement du Massif Central par le nord, est une alternative intéressante. La route du sud par Quimper, Hennebont et Auray, peut être utilisé dans I’hypothèse d’un passage imposé par Nantes. Mais dans l’un et l’autre de ces deux cas, les routes empruntées sont à très fort trafic.
Les points de traversée de la Loire s’étirent sur plus de 200 km entre Nantes et Tours.
2.2 – Entre Loire et Rhône, la traversée du Massif Central
Après la traversée de la Loire, on observe une véritable explosion des itinéraires, qui prennent quelquefois des directions inattendues (non représentées sur la carte pour lui conserver toute sa lisibilité).
L’itinéraire le plus septentrional suit la vallée du Cher jusqu’à Vierzon puis passe par Bourges, Moulins et Varennes-sur-Allier.
Un gros tiers des parcours (12 sur 32) emprunte une route nord par les vallées de la Loire et de la Vienne jusqu’à l’Ile-Bouchard, puis de I’Indre entre Châtillon et La Châtre, traverse le Cher à Montluçon et l’Allier à Varennes, avant de retrouver la Loire à Roanne. Itinéraire marqué par l’interminable toboggan des collines berrichonnes, secteur sans aucun doute le plus difficile de la Diagonale.
L’accès au Rhône passe par St-Etienne et le col du Grand Bois.
Un petit tiers (9 sur 32), faisant fi des obstacles, s’engage dans une trajectoire aussi linéaire que possible par Thouars, Poitiers et ses environs (Futuroscope), Guéret, la région de Clermont-Ferrand (y compris le col de la Ventouse, Riom, Combronde), Ambert, puis St-Etienne ou Yssingeaux et St-Agrève.
Deux itinéraires en plein cœur du Massif Central sont empruntés: L’un passe par Limoges, Bort-les-Orgues, St-Flour et Vallon-Pont-d’Arc (3 sur 32); l’autre passe par Brive, Millau et Nîmes (2 sur 32). Prudence, ces itinéraires sont très montagneux !
2.3 – Après le Rhône, les cols et vallées alpines
Le dernier quart du parcours donne lieu à une rapide convergence des trajectoires dès la traversée du Rhône : 22 itinéraires sur 32 passent par la vallée de la Drôme, Die et le col de Cabre.
A Barrême, comme à Josselin, le flot se répartit en deux parts d’égale importance : l’une (12 sur 25) continue sur la route Napoléon (paysages superbes, à découvrir au moins une fois dans sa vie) vers Castellane et Grasse (ou Gréolières et Vence), tandis que l’autre (11 sur 25) prend la N202 vers St-André-des-Alpes pour rejoindre au plus vite la vallée du Haut-Var par route plus facile que la “Napoléon “.
Trois itinéraires seulement sur 32 évitent Nice : deux rejoignent Menton par Tourret et La Turbie, le dernier, après la Bonnette, n’hésite pas à gravir les cols du Turini et du Castillon !
3 – Statistiques
3.1 – Distances
Les 32 distances calculées s’échelonnent de 1336 à 1488 km avec une médiane de 1385 km, qui laisse présager une distance réelle plus courte que la valeur “réglementaire” de 1400 km.
La moitié inférieure réunit les trajectoires les plus tendues et les plus homogènes. L’itinéraire le plus utilisé (par Angers, Montluçon, St-Etienne, Valence, Sisteron, Barrême, 1350 km) est plus court d’une dizaine de km que l’itinéraire par Ancenis, Guéret, Clermont, Ambert et St-Agrève, pourtant plus proche de la trace directe. Les parcours montagneux ne sont pas économiques en kilomètres. Une autre preuve en est que l’itinéraire le plus septentrional par Rennes, Tours et Vierzon a une longueur de 1348 km seulement. Intéressant, pour qui ne craint pas les routes nationales et les camions …
3.2 – Relief et dénivelée
La dénivellation cumulée mesurée avec un compteur-altimètre Avocet 50 par Francis Pouzet lors de sa Diagonale de Menton à Brest en 1995 atteint 12000m, pour une distance effectivement parcourue de 1382 km sur un itinéraire direct et assez montagneux par le sud de la Drôme et la haute Ardèche.
Il est probable que la dénivelée sur le parcours par les vallées ne dépasse pas 10000m, en raison du long secteur a peu près plat entre Chateaubriand et l’Ile-Bouchard. Mais, comme les deux autres diamétrales (Strasbourg – Hendaye et Dunkerque – Perpignan), Brest – Menton est une Diagonale “relevée”!
Ne pas se “faire une montagne” des trois cols (Grand Bois, Cabre et Toutes Aures) qui se montent bien quand on les aborde avec sagesse.
3.3 – Délai et nombre d’étapes
Le délai est de 116 heures, soit 4 fois 24 heures + 20 heures, ou encore 5 étapes journalières de 280 km. Avec une moyenne de route de 18 km/h soit 16 heures de selle par jour, pauses ravitaillement comprises, un départ à 5h00 le jour J permet de s’arrêter chaque soir à 21h, de se reposer 8h chaque nuit et d’arriver le jour J5 avec un délai de sécurité de 4 heures. La programmation de cette Diagonale est donc simple.
On prendra soin toutefois de tenir compte du relief et d’ajuster la longueur des étapes en conséquence. 250 km avec plus de 2000 m de dénivelée valent largement 300 km de plat (sauf pour le fessier !).
Par ailleurs, il n’est pas équivalent d’aller de Brest à Menton ou d’effectuer la route inverse, fut-elle identique. La dominante des vents d’ouest incite les Diagonalistes à la plus grande sagesse. Rares sont ceux qui prennent le départ de Menton pour une premiére Diagonale. Les chiffres sont très significatifs : de 1990 à 1995 inclus, on ne compte que 6 réussites sur Menton – Brest (1 par an en moyenne) contre 87 sur Brest – Menton (plus de 14 par an en moyenne). Manifestement Menton – Brest est une Diagonale qui fait peur et les audacieux sont tous des candidats au Super Palmarès.
3.4 – Traversée des agglomérations
Sur ce point, les deux “écoles” sont bien représentées. Il y a ceux qui n’hésitent pas à traverser les villes d’importance de part en part – il semble que cette tendance soit majoritaire – et il y a les autres qui évitent résolument les zones urbaines, parfois au prix d’une bonne dizaine de kilomètres supplémentaires.
Si certaines villes sont faciles à éviter, par exemple Angers avec la rocade de Bouchemaine ou Valence en suivant la rive droite du Rhône jusqu’à Charmes, d’autres sont presque incontournables.
C’est le cas de Saint-Etienne et de Nice. Reste une solution : programmer leur traversée à une heure favorable c’est-à-dire en soirée ou très tôt le matin. Tout devient alors beaucoup plus facile, surtout quand “c’est toujours tout droit”, comme pour la capitale des Verts.
4 – Pour conclure
Pour ceux qui vont vers Nice = la route Napoléon.
Bonne route et surtout bon vent, ami Diagonaliste. Quel que soit ton itinéraire, Eole sera ton compagnon, ami ou adversaire. C’est lui qui décidera de ton succès. S’il t’est contraire, accroche-toi en pensant à tous ceux qui ont parcouru avant toi cette Voie Royale et plus particulièrement à ceux qui l’on ouverte il y a désormais trois-quarts de siècle, Georges Grillot et Roger Coiffier (récit de leur odyssée disponible par courriel – fichier Acrobat.pdf de 795 ko – adresser un E-mail a : gilbert jaccon@club-internet.fr).
Cette analyse a été faite en mars 1996.
5 – Compléments
Extraits des études “Routes interdites et Chemins conseillés”
5.1 – Pour les entrées/sorties de Brest et de Menton
5.2 – Eviter la N151 entre Le Blanc et Argenton-sur-Creuse
En pratique, la N151 n’existe plus en 2021. Cette voie a été renommée en D951 entre Le Blanc et St-Gaultier et D927 entre St-Gaultier et Argenton-sur-Creuse.
Cartes : Michelin 68, 232 et 238 (anciennes) ou 317 et 323 – 518 et 519 (nouvelles)
« Lors de Brest – Menton, j’ai, comme beaucoup d’entre nous, emprunté la N151 entre Le Blanc et Argenton-sur-Creuse. Pour éviter ce cauchemar, car il s’agit bien d’un piège, j’ai étudié la carte et je te livre mes conclusions : il faut impérativement passer ailleurs ! » (Alain Severin).
La proposition d’Alain est représentée en traits interrompus sur le schéma suivant.
Au départ de Châtellerault, prendre la D725 vers La Roche-Posay, puis D750, Tournon-St-Pierre – D60 Douadic – D17, D20, D46 Saint-Gaultier. Choisir alors soit la D927 jusqu’à Argenton, soit la D48 en rive gauche de la Creuse, plus tranquille mais plus longue de 1,5 km. Après Argenton, rejoindre Aigurande par la D48, Pommiers et le petit col du Pilori (252 m, au croisement de la D38).
La distance de Châtellerault à Argenton par l’itinéraire “normal” (Angles, Le Blanc, N151) est longue de 90 km. La distance est exactement la même par l’itinéraire proposé, en prenant la D927 entre St-Gaultier et Argenton.
Nous signalons à ceux que le pilotage “fin” ne rebute pas qu’il existe une petite route sans numéro permettant de raccourcir de près de 2 km la distance entre La Roche-Posay et Yzeures-sur-Creuse (à droite, à une grosse centaine de mètres après le pont sur la Creuse a la sortie La Roche).
Cet itinéraire est bien évidemment utilisable dans le sens Aigurande – Châtellerault.
Alain SEVERIN ne nous a pas donné d’indications sur le relief. Un examen de la carte IGN au 1/100.000 laisse penser que la dénivellation cumulée par la variante serait plutôt inférieure à celle du projet “normal”. A vérifier sur le terrain, avec une montre adéquate!
5.3 – Passer par l’arrière-pays niçois
Voir annexe A.
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