PERIGUEUX – ST-JEAN-PIED-DE-PORC
7, 8 & 9 juillet 2014
Suis arrivé dans les Pyrénées après trois jours de vélo sur le chemin de Saint-Jacques, au départ de Périgueux.
C’était très beau dans le Béarn avec ces collines bien rebondies, avec les Pyrénées en toile de fond.
Trip solo sur ces trois premiers jours de voyage … ou grands moments de solitude. De Périgueux à Mont-de-Marsan le GPS ne voulait rien entendre avec la trace de 1700 bornes injectée. Navigation à vue, pluie, orages, voitures.
Une fois la trace tronçonnée ça allait beaucoup mieux pour le GPS.
ST-JEAN-PIED-DE-PORC – pampelun
10 juillet 2014
Les chemins sont magnifiques dans le pays basque. Les Pyrénées sont franchies. Suis à Pampelune, en plein pendant les fêtes de ladite ville. Tout le monde est en rouge et blanc.
La journée a commencé dans la montagne, le froid et la brume. Elle se termine sous un soleil de plomb avec des gens qui parlent un dialecte qui résisterait même à Champollion (l’hispanique).
Pamplun – Logrono
11 juillet 2014
Aujourd’hui dans la charmante ville de Logrono, qui doit son nom à Saint-Jacques-de-Compostelle en personne ! Comme ce n’était que le début du Chemin, Saint-Jacques était encore un peu enveloppé. A l’entrée de ce qu’on appelle aujourd’hui une ‘boite de nuit’, le videur dit à Jacques : ‘le gros no’.
Logrono est une au bord d’un fleuve marron, avec des collines désertiques autour. Les rues sont extrêmement animées, moins qu’à Pamplun un jour de fête mais vraiment animées quand même. Les télés des bars à tapas sont plaquées contre les vitres, tournées vers la rue, et passent des vidéos de taureaux. Aujourd’hui les premiers mots d’espagnol reviennent instinctivement : ‘ola’ (bonjour), ou à la cool ‘buenos’ (sans le dias), ‘uno’ (un, je savais plus si c’était de l’espagnol), ‘quétal’ (dans toutes les phrases, partout, dans la rue, dans les rêves).
La journée a été belle et très difficile. Un mixte d’asphalte et de chemins. La selle du vélo a ravagé ce que l’on pouvait – il y a quelques jours encore – appeler un postérieur ; et cela sans mon consentement. La fatigue s’accumule. Ce niveau d’épuisement est détectable quand on n’a même plus la force de boire ; et qu’on a des cernes jusqu’aux chaussettes. Ça fait des journées de 4 à 5 étapes.
Le sac est lourd. Avec tout le matos emporté, je peux arriver dans une pièce vide et, en dix minutes, après déballage, donner l’impression qu’il est habité depuis un an.
Depuis le début du séjour le temps a été clément. au niveau températures. Souvent des nuages. Il fait frais (voire froid) jusqu’à 11 du matin, même en Espagne.
Ce début d’Espagne, c’est pour l’instant un enchaînement de montées et descentes sur des collines jaunes\brulées par le soleil. Avec à droite au loin une chaîne de montagnes impressionnante (que je présume appartenir aux Pyrénées\à vérifier).
Logrono – Beladora
12 juillet 2014
Magnifique journée. Courte parce que fatigue.
Suis a Beladora, aux portes de Burgos.
100% sur le Camilo aujourd’hui.
Le Camino est beau, rassurant. A vouloir prendre des raccourcis par le route, la galère arrive vite.
Sur le Camilo content, hors du Camilo pas content, même pour 10 mètres.
Aujourd’hui de beaux vallons, du soleil, des paysages immenses (a perte de vue), des champs de blé non coupé et quelques vignes.
Le vélo est très bien. Les chemins sont larges avec du gravier.
BelADORA – Castrojeriz
13 juillet 2014
Matinée sublimissime !
En deux étapes :
– de la départementale pendant la nuit, jusqu’à Burgos
– du Camino dès lever de soleil, depuis Burgos
La nuit, route déserte avec la lune pour seul éclairage. Magnifique.
Burgos bondieuseries. Mais bon il faut reconnaitre qu’ils ont fait un effort sur l’esthétique. Disons que point P est sobre a cote. Bur-gos doit son nom a une sombre histoire de pédophilie. Saint-Jacques n’a jamais donné sa version de l’histoire.
Et le Camino super roulant. Avec le vent de dos, le soleil de dos, le denivele 0, en vélo c’est youhouuuuuuuu !!! Les paysages sont beaux, immenses.
J’ai fait 90 bornes aujourd’hui. Et sincèrement c’est bien parce que j’ai réservé une nuitée ici que je m’arrête, à contre cœur. Mais bon attention à l’exaltation qui peut être le symptôme de fatigue. Il est sage de s’arrêter.
Je commence à comprendre cette destination de Saint-Jacques. Le chemin – et cette fois ci c’est pas une blague – est né de la volonté de repeupler les territoires du nord. Mais plus subjectif, la destination agit comme un aimant. De par le soleil de dos, le vent de dos et les doux deniveles.
Hier ai téléchargé un album de jazz-blues, sur les conseils du journal Le Monde. Un album qui a défrayé la chronique. L’enjeu était énorme : ressusciter le mythique label Impulse avec un album marquant (le label qui a produit Miles Davis et John Coltrane). Et ça a marché. L’album s’appelle Vipers Drag, (Henri Butler), et convient très bien au Camino (mieux que le black-metal)
Castrojeriz – Arcahueja
14 juillet 2014 à 19:49
Départ comme d’habitude ‘à la fraîche’ ; avec comme d’habitude le clair de lune pour éclairage.
Il y toujours un peu d’appréhension dans ces départs nocturnes. Les éléments ne se révèlent qu’au dernier moment. Par exemple au royaume de la platitude qu’est la Castille, on peut croire longer un champ de blé puis on finit par s’apercevoir que c’est un lac. Petite montée d’adrénaline. Et il y a les bruits de la nuit. Ou le randonneur (également lève tôt) qui surgit d’un buisson. Avec les nouveaux paysages de nuit à assimiler, avec la fatigue accumulée (physique et nerveuse), ce départ n’était pas spécialement serein. J’étais un peu flippé. D’autant plus que j’avais décidé d’en découdre aujourd’hui. Faire un gros kilométrage sur le Camino. Donc je faisais attention de ne pas trébucher et espérais que le vélo tienne le coup.
Tout s’est bien passé finalement. Après 150 bornes, dont 100 sur le Camino, je suis arrivé à bon port. Tellement épuisé que je n’ai pas réussi à faire de sieste ; le pouls du cœur ne se décidant pas à re-descendre. Pas zen.
Une bonne moitié du Camino était défoncée par les tracteurs ou faite de sable fin spécial enlisement ou avec des gros cailloux ou tout en même temps.
Donc avec le kilométrage augmenté et le chemin impossible, le soleil a eu bien le temps de se lever et de lancer ses assauts depuis le zénith. Après une portion difficile, suis arrivé dans un village, et à l’entrée du bled un robinet. Ai rempli le camel bag et me le suis vidé sur la tête. Le bruit aurait pu être pschiiiiiiiiii. Comme le bruit du steak qu’on pose sur le barbecue. Cette eau à vingt degrés était glaciale. Bon ça va il est midi, j’ai la tête froide, et un petit Cosne-Bourges saharien à faire pour plier la journée.
Pas de précipitation.
J’avais annoncé une arrivée à mes hôtes à 15 heures. Je suis arrivé à 15 heures.
Les paysages sont comme hier sauf que la terre est plus rouge qu’hier. Beaucoup de Camino longeant la route, dont un passage à contre-sens sur la bande d’arrêt d’urgence d’une nationale. Brrrr !
Suis quasiment à Leon. Une moitié du Camino est faite.
Demain grasse mât et courte journée.
Arcahueja – Artorga
15 juillet 2014
Aujourd’hui transition. L’histoire de se remettre un peu. Départ avant Leon, arrivée après Astorga. Après Astorga parce que sur la carte une route arrête de longer cette p***** de N120. Avec un peu de chance je dormirai ce soir autre part qu’au milieu d’un ballet de camions.
Après une grasse mâtinée (me dis-je bien méritée), je me lève à 6h30.
Puis départ direct sous le soleil. Je m’en fous du soleil à présent.
Traversée de la ville de Leon (uno heure pour traverser el culo). Les feux rouges et patati.
Puis départ sur le Camino qui longe/borde/est sur la nationale. A peine un fossé entre la route et le chemin, de temps en temps. La nationale longe une autoroute déserte. Peut-être un phénomène à la A14 trop chère et surtout payante. Alors tout le monde passe sur la nationale. Tous les camions, une file interminable de camions, et des voitures qui roulent très très vite. Le pèlerin se sent tout petit et vulnérable dans ce merdier. Mais bon il paraît que c’est ça aussi le Camino. Il met les nerfs à rude épreuve. Il permet dans sa rigueur de se retrouver. C’est pas que de l’endurance sous le soleil.
Le plus dur c’est la traversée des bleds où les trottoirs sont faits de petits carreaux avec des interstices qui empêchent de tenir une trajectoire. Délicat quand on se faufile entre des camions, des habitants et des pèlerins. Et si c’était l’étape la plus difficile depuis le début ?
Environ 70 kilomètres et deux crevaisons plus tard, j’arrive a Astorga. Je trouve un marchand qui remplace sur le champ mon pneu arrière déchiré sur un Real Camino qui se contorsionne pour se faufiler entre les artères, ponts, autoroutes et nationales. Un Camino qui s’est montré aujourd’hui sous son plus mauvais jour. A coté, le périph c’est super sympa.
Ça y est je vois à présent les montagnes au loin. Avec semble-t-il des plaques de neige en haut (?). Demain j’y suis.
Après Astorga je quitte le Camino pendant 1 kilomètre (pour m’éloigner des voitures) et je tombe sur un village et un hôtel. Tout rouge le village, avec une unité architecturale jamais vue. Tout est rouge, fait de cailloux et de remblai, de la rue aux murs et toits. A se demander si tout n’a pas été construit d’un seul coup, sur plan. Le village est mort. Il n’y a pas les pp et mémé sur les patio, pas de commerce. Juste des hôtels et des restaurants. Je cherchais le calme : je l’ai trouvé. Presque trop calme. Et bizarrement un peu artificiel bien qu’avec un certain cachet. Il me semble avoir vu un film avec Jim Carrey qui parle de ça … mais bon je ne sais plus trop quoi penser avec la fatigue et les agressions au gasoil subies ce jour.
Artorga – Villafranca del Bierzo
16 juillet 2014
Nouvelle expression : ‘uno cerveza por favor’.
Et les miracles de G00gle translate qui m’ont permis de discourir librement de la métaphysique des moeurs avec le réparateur de bicicletas.
Très belle journée.
A croire que le chemin voulait se faire pardonner les méfaits des jours passés.
Le manteau terrestre se remet à plisser au sortir du plateau castillan. A bien plisser puisque cela nous amène à 1500 mètres d’altitude, très progressivement.
Pas un chat jusqu’à la première mi-temps. Des renards, des oiseaux, des randonneurs (qui commencent à boiter sévèrement!). Mais pas de chat. Et comme je commence à en avoir ma claque de compter sur le clair de lune qui – soyons honnêtes – éclaire comme mis bolas, j’ai dégainé la lampe frontale. Le faisceau est devenu la 5th avenue de tous les papillons du coin.
Le coin traversé c’est un peu comme la route des crêtes qui enchaîne les ballons des Vosges. C’est légèrement plus haut que les Vosges, un peu plus escarpé, mais il y a les sapins et la température. Et meme s’il faisait frais le matin, le paysage était quand meme bien tanné par le soleil. Pour redescendre, tous les 5 degrés de perdus tous les 100 mètres de denivele. Et en bas le four.
Facteur limitant pour prendre des photos : il y a des pilones et des cables partout. Et en regardant dans la vallée … une centrale nucléaire générant les seuls nuages de la journée. Bon on va dire que c’est les restes de la journée d’hier.
Chose curieuse depuis l’arrivée en Espagne : il y a la lune et le soleil en même temps. C’est peut-être normal. Entre deux barres d’immeubles et avec un climat pourri, c’est un miracle de voir la lune. Alors pour voir les deux en même temps …
Aujourd’hui´hui petite étape. Ménagement pour la journée de demain qui s’annonce difficile.
Villafranca – Porto del RuiZ
17 juillet 2014
quelques 14 heures de déplacement. erreurs d’itineraire. 150 kilomètres.
3000 mètres de denivele positif plus tard, je suis a Porto del Ruiz.
La région est magnifique.
o Santiago o o o
18 juillet 2014
youhou !