Ah les Dolomites!
LA NUIT
Dans la nuit noire je sors un œil de la tente. 2h du matin. Pour la première fois je sors le réchaud. Il crée un petit halo de lumière sous les arbres. C’est chouette ici. Café, programme de la journée.
Hier a posé plein de questions. J’ai bien cru y laisser la peau hier à circuler au milieu d’un circuit moto.
On va donc rouler de nuit ce J2 et on verra bien après.
C’est la première fois que j’amène mon vélo d’expédition dans la vraie grosse montagne, avec des vraies grosses sacoches. Je m’attaque au col du Giro à la vitesse 2. Ce braquet permet d’avancer un peu moins vite qu’un piéton 😉 Pas une moto.
Quelques heures plus tard je suis ébahi par le paysage qui m’attend au col. A tomber par terre.
LES DOLOMITES
On est au coeur des Dolomites. Le coin où je voulais être depuis tant d’années. Les Trois Cimes de Lavaredo sont à quelques tours de roue d’ici.
Je me fais une descente d’anthologie jusqu’à la mythique Cortina di Ampezo.
7 heures du matin. Le jour commence à poindre et donne aux parois des Dolomites des reflets féeriques. Dommage que les motards aient un réveil. Je crois qu’ils vont pas tarder à faire chauffer la gomme.
J’attaque un second col qui me fera passer dans la vallée suivante. Les premiers motards me doublent, très très vite. Puis le traffic s’intensifie. Puis c’est le défilé permanent, à une vitesse affolante. Ils frôlent les sacoches quand la trajectoire optimale le demande. J’ai peur. Après chaque pause sur une aire ou un renfoncement de la route je veux pas y retourner. Une espèce d’instinct qui me dit de pas retourner sur le tarmac, que c’est trop dangereux. Des oreilles qui sifflent encore de la journée d’hier à subir le son des moteurs à la limite des rupteurs.
Bon. Ces motards doivent bien s’éclater ici. Je ne leur en veux pas. Par contre pour le vélo il y a pas grand chose comme voie alternative. Donc je serre les fesses pendant quelques heures. Décemment je ne peux pas bivouaquer dès maintenant. Il faut avancer.
Enfin arrive une grande descente qui me fait contourner les Tre Cime par la gauche. Et au milieu de cette descente je vois … mais que vois-je!!! Une rivière et des gens qui ne sont pas sur des motos. Je quitte le bitume et les rejoins sur un sentier caillouteux. Il y a des campings, des terrains de jeu, des cyclistes, des mamans à poussettes. Et la route des loin. L’endroit est agréable.
LA LIBÉRATION
Et cerise sur le MacDo le chemin continue pendant plusieurs kilomètres. Je suis peut-être sur le point de sauver ce voyage.
L’espoir renaît. Je dégaine OpenStreetMap. Oui il y a bien des traits rouges qui longent les rivières tout au long de ces Alpes. A les croire tout ça est cyclable. Avec le petit écran du téléphone je ne peux pas prétendre savoir où je vais exactement. Et c’est là que le voyage prend tout son sens. Je vais continuer, y aller par tâtons, au jour le jour. Un coup par OSM, un autre en demandant aux gens, le suivant en regardant le soleil.
Youpi!!! C’est reparti. Les vacances sont sauvées!