5.1 – Présentation
A la question : “Comment choisis-tu ton itinéraire ?”, l’un des membres de notre Amicale a répondu : “Je trace sur la carte une ligne droite du départ à l’arrivée et je m’efforce de suivre cette trajectoire au plus près, quitte à emprunter des chemins forestiers ou à gravir des montagnes …”. Méthode efficace qui lui permet d’afficher un kilométrage théorique minimal, mais qui est inapplicable entre Brest-Perpignan, à moins de louer un pédalo à Lorient pour rejoindre Rochefort après 250 km de navigation. Pas de problème par contre pour la partie terrestre : les routes “sur la trace” sont abondantes et diversifiées dans leur profil et leur importance.
La route “diagonaliste” la plus fréquentée passe par Josselin, La Roche-Bernard, St-Nazaire, La Roche-sur-Yon, Cognac, Bergerac, Montauban, Revel et Limoux. Longue de 1060 km et elle ne rencontre aucun obstacle majeur, le point culminant étant le sommet du facile col de Campérié, près de Quillan.
Sur cette carte, la zone ombrée couvre l’ensemble de l’espace parcouru par les 36 itinéraires utilisés de 1994 et 1995, qui ont servi de base à cette étude. La distance totale annoncée sur ces fiches varie de 1032 à 1214 km.
5.2 – Analyse des itinéraires
5.2.1 – De Brest à la Loire, la traversée de la Bretagne puis de la Loire
Les trajectoires en terre celtique dessinent un réticule d’orientation générale sud-est, caractérisé par un transfert progressif du nord vers le sud : choisie par 24 projets, sur un total de 36, la classique route de Brest à Josselin perd progressivement ses utilisateurs, guidés par la nécessité de traverser la Loire au plus près de son embouchure.
L’autre tiers (12 projets) opte pour un départ de la capitale bretonne par le pont Albert Louppe et la superbe, mais difficile, route du Faou. Ce groupe comprend ceux qui ont choisi la route du littoral par Quimper (quelquefois contournée par Briec et Elliant, avec un gain de 6 km mais quelques “chevrons” de
plus) et ceux qui n’hésitent pas à affronter la Montagne Noire, motivés par l’ascension du récent (dans l’annuaire Chauvot !) col de Toull al Laéron (266m), situé entre Spézet et Gourin, ou par le site BPF du Faouët.
Seize itinéraires empruntent le pont de St-Nazaire; douze passent à Nantes et/ou Thouaré-sur-Loire (12) et les autres à Ancenis (7). Le choix du point de passage prépare la suite du parcours vers le sud : ceux qui ont choisi St-Nazaire ont déjà opté pour un itinéraire par la Vendée, la Saintonge et les environs de Toulouse, ceux qui traversent la Loire a Ancenis regardent vers l’Angoumois et le Périgord.
Bien évidemment, et la carte suivante le montre clairement, certains appuient leurs choix sur des considérations personnelles (sites BPF ou autres, famille ou amis, nouveaux cols, …). Ce qui explique quelques trajectoires étranges comme la liaison entre Vannes et Redon ou le parcours par Chateaubriant, Candé et St-Florent.
D’un point de vue purement kilométrique, les distances de référence sont :
– De Brest à St-Nazaire : 270 km par le trajet Pontivy, Questembert, La Roche-Bernard ou par le littoral (Rosporden et Vannes). On peut : réduire cette distance d’une petite dizaine de kilomètres en optant pour un parcours intérieur” par Le Faouët … mais au prix d’un net accroissement des difficultés. On peut également éviter d’augmenter inutilement cette distance de 6 km en contournant la si belle Grande Brière par l’ouest (Herbignac, St-Liphard), avec en prime, la traversée complète de St-Nazaire !
– De Brest à Nantes et/ou Thouaré : 305 km par le trajet Josselin, Redon ou parle littoral (Vannes et Rosporden) ; et on évitera, comme certains, de “perdre” 9 km entre passant par Blain plutôt que par Fay pour aller de Redon à Nantes !
– De Brest à Ancenis : 315 km en quittant “la route de Nantes” peu après Redon, pour rejoindre la Loire par Blain et Nort-s-Erdre.
A noter aussi :
– Que le “détour” par Huelgoat entre Roc Trévezel et Carhaix “coûte” 6 km supplémentaires mais “apporte” la tranquillité, une superbe forêt et un BPF
– Que le fort dangereux tronçon de voie rapide entre La Roche-Bernard et Vannes peut être évité par Surzur, Muzillac et Arzal, avec un supplément de 8 km …
5.2.2 – De la Vendée au Périgord, par le marais poitevin et les Charentes
Deux trajectoires parallèles émergent avec netteté :
– Celle de l’ouest par la Roche-sur-Yon, Surgères, Cognac et Bergerac est empruntée par la grande majorité des itinéraires passant par St-Nazaire et se renforce progressivement “par l’est” (en particulier au niveau de Mussidan), tout en perdant quelques unités dont l’objectif évident est de rejoindre la Garonne “au plus court”, sans doute dans le but d’éviter les serres du Quercy. Quelles que soient les multiples “variantes” empruntées pour la traversée du Marais poitevin ou des Champagnes charentaises, dans la mesure ou le “cap sud-est” est maintenu, la distance de référence entre la Loire et Fumel/Libos est de 460 km.
– Celle de l’est par Niort, Chef Boutonne, Angoulême, Périgueux et Cahors est suivie par ceux qui traversent la Loire à Nantes (un sur deux), Thouaré (tous) et Ancenis (6 sur 7). La distance de référence par ce parcours (et ses “variantes” comme dit précédemment) est aussi de 460 km.
Les trajectoires “extrêmes”, ouest (littoral) ou est, s’avèrent peu dispendieuses en kilomètres dans la mesure où elles sont tendues. Ce n’est évidemment pas le cas de L’itinéraire Ancenis – La Réole par Niort et
Saintes qui nous a laissé assez perplexes …
Remarquer l’amplitude du faisceau des trajectoires à l’horizontale de Bordeaux : près de 200 km (contre 90 pour la traversée de la Loire).
5.2.3 – La traversée des terres cathares
Fumel/Libos, est située très exactement sur la trajectoire linéaire, tout comme Montauban, Revel et Carcassonne. Rien d’étonnant donc que la route empruntée par une forte majorité des itinéraires traversent les deux premières villes.
A Revel (21 passages), 8 projets maintiennent la même option et s’engagent résolument vers Carcassonne et les routes accidentées et tortueuses des Corbières audoises. Les autres choisissent la route classique (et aussi fréquentée par les diagonalistes que le trajet Brest – Pontivy) par Castelnaudary, Limoux et Quillan.
La distance de référence de Fumel à Perpignan par cette voie est de 335 km. Elle peut être raccourcie d’une dizaine de km soit en empruntant la route des Corbières, soit en évitant Quillan. Dans ce cas, à Couiza, passer par Bugarach et le col du même nom, puis les gorges de Galamus pour rejoindre St-Paul de Fenouillet. Mais ces kilomètres “économisés” coûtent assez cher en dénivelée.
Observer :
– La notable proportion d’itinéraires (9 sur 36) qui passent par la vallée de la Garonne (“platitude assurée”), à partir de La Réole, Marmande et/ou Agen. Deux sur trois empruntent les petites routes qui jouxtent le canal latéral (par le Mas d’Agenais et Damazan) – tranquillité garantie mais gare au pilotage ! – les autres n’hésitent pas à emprunter la chaotique N113 . A chacun son plaisir ! Cinq de ces itinéraires traversent Toulouse “en longeant le canal” d’un bout à l’autre, les autres tentent de contourner la ville par sa banlieue immédiate nord ou sud …
– Les deux itinéraires “ouest” par Mauvezin, Muret et Quillan : à peine plus longs (une quinzaine de km au plus), ils constituent une option intéressante et originale.
– Les itinéraires “est” par Albi ou St-Sernin-sur-Rance puis les Monts de Lacaune sont nettement plus longs (une cinquantaine de km) et plus difficiles.
– Deux itinéraires sont utilisés pour rejoindre Revel depuis Montauban : équivalents en distance (170 et 172 km), ils ne le sont ni en dénivelée ni en agrément. Une majorité de diagonalistes semblent opter pour le premier (par les vallées du Tarn et de l’Agout, Lavaur et St-Paul-C.de Joux). C’est aussi notre choix.
5.3 – Statistiques
5.3.1 – Distances
La distance “diagonaliste” de Brest à Perpignan est donc égale 4270 + 460 + 335 = 1065 km. Cette valeur est très proche de la distance réglementaire qui est de 1060 km.
Un tableau comparatif des distances partielles, établi pour les 36 fiches de parcours utilisées, a mis en évidence un nombre assez important d’imprécisions, le plus souvent des oublis, quelquefois des ajouts, exceptionnellement une erreur d’addition. Un quart des distances proposées étaient sous-estimées de quelques à plusieurs dizaines de kilomètres. La plus importante erreur est un “oubli” de 29 km (entre Aigre et Chef-Boutonne) ! Il est heureux, pour sa réputation et sa tranquillité, que l’auteur de cette erreur ait effectué son raid en solitaire … Attention donc dans la préparation de vos feuilles !
30 projets sur 36 affichent des distances comprises dans l’intervalle 1050 – 1100 km. On trouve dans cette catégorie tous les itinéraires cohérents, c’est-à-dire ceux qui maintiennent une direction générale sud-est du départ à l’arrivée, qu’ils soient ouest ou est, qu’ils sacrifient ou non quelques kilomètres à un site BPF, à l’ascension d’un col ou au contournement d’une ville importante.
Les six projets restants se caractérisent par des trajectoires indécises dans leur direction générale, avec des options “plein est ou plein sud” qui coûtent cher en kilomètres. Cinq affichent des distances comprises entre 1110 et 1150 km et la dernière totalise 1214 km. Partant de Perpignan, elle passe par Font-Romeu et le col de Puymorens, fait un détour jusqu’au Port d’Envalira (2404m), rejoint Toulouse par Foix, retrouve l’itinéraire “normal” pour monter jusqu’à la Loire et n’hésite pas à prendre le “chemin des écoliers” en Bretagne. Diagonale réussie “de justesse”, mais avec 150 km et 2500m de dénivelée “en rab”, le délai de 89 heures est bien étroit. Bravo à l’auteur de cette performance qui rejoint celle de celui qui avait choisi d’aller d’Hendaye à Menton en passant par le Tourmalet et le Ventoux !
5.3.2 – Relief et dénivelée
La dénivelée totale ne doit pas dépasser 7500m. Aucun obstacle important sur le parcours mais quelques secteurs à relief bien marqué : la Bretagne, de Brest à la Roche-Bernard et surtout le tronçon de 300 km entre St-Jean d’Angely et La Française.
A titre indicatif, l’auteur a mesuré en 2001 avec un altimètre Suunto, 8260 m de dénivellation cumulée entre Brest et Perpignan sur un parcours “agrémenté” de quelques variantes pour “chasser des cols”.
5.3.3 – Délai et nombre d’étapes
Le délai imparti est de 89 heures :
– Soit 3 fois 24 heures + 17 heures,
– Ou quatre journées de 16 heures + 3 arrêts nocturnes de 8 heures + une heure de délai de sécurité,
– Ou quatre étapes de moins de 270 km, parcourues à une moyenne horaire générale de 16,6 km/h.
Le découpage est donc assez évident : tous les projets analysés optent pour 4 étapes, a peu près équilibrées en distance (250 à 300 km) avec toutefois une tendance assez nette a un allongement de la seconde étape, surtout lorsque le départ a lieu de Brest (relief moins accentué de la Loire jusqu’ aux Charentes) et à un raccourcissement de la dernière étape (pour des raisons de sécurité, quelle que soit la ville de départ). Dans les 36 projets, on retrouve les habituels partisans de la “premiére très longue étape” : au moins 400, voire 500 km. Ils sont trois dans ce cas qui ont choisi de terminer “en roue libre” avec une étape de moins de 150, voire moins de 100 km.
5.4 – Pour conclure
Cette Diagonale, dans le sens Brest – Perpignan, est idéale pour commencer un cycle. Distance intermédiaire, relief notable mais bien réparti, vents dominants généralement favorables, découpage en quatre étapes de longueur raisonnable …
Comme toutes les Diagonales qui vont vers Brest, elle peut devenir rebelle si le vent d’ouest, ou pire nord-ouest, se lève !
Cette analyse a été faite en mars 1997.
5.5 – Compléments
Extraits des Etudes “Routes interdites et Chemins conseillés”
5.5.1 – Pour les entrées/sorties de Brest et de Perpignan
Consulter l’Annexe B de ce document ou le site de ADF
5.5.2 – Secteur entre la Vilaine et Vannes
Courrier de Daniel MENAGER (Rennes) – février 1998 – Carte Michelin 230 ou 517
«La voie rapide de La Roche-Bernard à Vannes (N165 – E60) n’est pas interdite … mais quel cauchemar ! Pour aller d’Herbignac à Vannes, je conseille de traverser la Vilaine à Arzal. A partir de là, il y a une toute petite route sympathique qui longe la voie expresse, jusqu’à 800 m de Vannes. II ne reste donc que 800 m de 4 voies et ce n’est pas beaucoup plus long.»
Cette “route sympathique” qui évite la voie rapide côté sud passe par Arzal – Muzillac – Ambon (par D20) – Surzur – Noyalo (par D195) et Vannes (par D780 puis 800m de voie rapide). L’augmentation de la distance d’Herbignac à Vannes est de 2 km. C’est-à-dire rien en regard de la tranquillité !
En résumé :
– Ne pas traverser la Vilaine à La Roche-Bernard – éviter la voie rapide N12 – E50
– Utiliser l’itinéraire Arzal – Muzillac – Sursur – Noyalo
5.5.3 – Arrivée à Perpignan (ou départ de) par Estagel
Voir Annexe A, chapitre D
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