Un rêve éveillé de quatre jours en Bretagne nord.

Détente phase 1 – Bretagne nord

Il n’y avait pas grand monde en cette fin mars sur les côtes de Bretagne. C’est le versant nord, sauvage, isolé. La météo était annoncée passable les premiers jours, pour revenir à la normale à la fin : tempête, orage et pluies soutenues.

La baie de Paimpol

Si le goéland se gratte le bec le temps ne sera pas sec. S’il se gratte le cul il ne fera pas beau non plus.

Là c’était fonction de l’aiguille des minutes. Le vent était tellement fort que le temps pouvait changer à un simple battement de cil.

Kanevedenn (arc-en-ciel)

Le cahier des charges était assez précis pour ces trois jours de congés : découvrir de nouveaux paysages à vélo, prendre l’air, faire du sport, tester le matériel et le conducteur en conditions difficiles, pas trop loin pas trop cher. La Bretagne permettait de réunir toutes ces conditions.

Le granite rose

Détente phase 2

J’étais parvenu à échapper à cette région pendant toutes ces années. Il y avait toujours mieux à faire. Aussi personne n’en parlait. Une région confidentielle, reculée et quasi-absente d’internet.

Et hop un énième toboggan vers la plage

Cela ne facilitait pas le repérage. Je croyais qu’il y avait juste le sentier sablonneux pour randonneurs (le sentier des douaniers) ou des routes départementales éloignées de la côte.

L’image d’Épinal

Avec l’arrivée des blogs (et peut-être de l’internet en Bretagne ;-)), des récits alléchants ont vu le jour. Il y avait un tracé qui longeait la côte, fait principalement de petites routes désertes empruntées par les agriculteurs et parfois de chemin rocailleux.

Pause casse-croûte

Le parcours est exigeant : 400 kilomètres sur tracé qui tourne en permanence. Des centaines de changements de direction. Un contournement permanent, à la manière de la mouche qui tape contre la vitre jusqu’à trouver l’issue. C’est tout sauf rectiligne.

Le trajet : de Morlaix (vert) à Saint-Malo (rouge)

Détente phase 3

Ça paraît rien mais c’est très prenant comme configuration. Tout change à une vitesse sidérante. Le temps, le paysage, le cap. Pas le temps de se laisser imprégner des ambiances. Le zapping permanent. Le trip des gens du coin : rester immobiles devant une scène. A l’image de ces deux personnes âgées montées en voiture qui s’installent sur un banc au bord de la falaise et restent immobiles à contempler le spectacle qui s’offre à eux : la mer et ses couleurs changeantes. La Bretagne nord on n’y passe pas on y reste. Pour cela j’ai terminé mon voyage avec un goût d’inachevé. On fait pas ça en 4 jours mais en 30 ans.

La route des falaises

Je ne suis pas fan de la mer. Pourtant le ‘wow factor’ était bien activé. Les paysages étaient envoûtants.

Horizon pas net, reste à la buvette

Le topo dénivelé, lui, est fait sur un modèle, et se répète à l’envie : toboggan descendant pour aller à la plage et toboggan montant pour passer à la plage suivante. C’est des petites ascensions bien casse-pattes, demandant dans les cas les plus extrêmes à enclencher la vitesse 1 (ai croisé un 23%). En tout 5000 mètres de grimpette.

J’inaugure cette petite route, pourtant construite il y a vingt-cinq ans, mais complètement paumée

Détente phase 4

La Bretagne nord c’est aussi les senteurs. A la plage à marée basse çà sent la mer, dans les hauteurs ça sent la ferme. En d’autres termes en bas ça sent la moule et en haut ça sent le cul. La côte sauvageonne.

Terre et mer

Le vent s’est renforcé chaque jour et merci le site météo pour la précision des prévisions : il a toujours soufflé dans le bon sens.

L’appareil était pourtant fermement attaché au granite au moyen de quatre robustes vérins hydrauliques. Mais une rafale a tôt fait de soulever le plateau armoricain. Du coup la photo n’est pas cadrée. J’en profite pour préciser que les vaches ne sont pas violettes.

Voilà j’espère que ce court récit en Bretagne nord vous aura donné envie d’arpenter ces sentiers à vélo.

C’est un tout petit bout de l’Eurovélo 4 qui se termine à Kiev en Ukraine.

Lô mêêr