7.1 – Présentation

«J’ai formé le projet d‘aller jusqu’aux Pyrénées … Comme j’aime aller par la route à pied d’œuvre, j’espère me rendre là-bas avec mon vélo et, prodige de la petite reine, franchir ainsi la Seine le premier jour, la Loire le 2ème jour et la Garonne le 3ème jour. Ah, le beau rêve !»

Régina GAMBIER, premiére Diagonaliste féminine – septembre 1931

Aujourd’hui encore, trois-quarts de siècle après Régina, c’est toujours un beau rêve d’aller de Flandre en Pays Basque en franchissant les trois grands fleuves atlantiques. Rêve réalisé au cours des saisons 1996 et 1997 par 102 diagonalistes, répartis en 54 équipes.

Sur cette carte, la zone ombrée couvre l’ensemble de l’espace parcouru par les 52 itinéraires, utilisés dans cette analyse : 34 dans le sens nord-sud, comme Régina, et 18, soit un tiers, dans le sens inverse. La distance totale annoncée sur ces fiches varie de 1015 à 1163 km. La trace directe de Dunkerque à Hendaye, longue de 900 km, passe par Abbeville, Forges-les-Eaux, Evreux, Nogent-le-Rotrou, Bourgueil, Loudun, St-Jean-d‘Angely et Arcachon.

7.2 – Analyse des itinéraires

7.2.1 – De Dunkerque à la Seine, le “Grand Boulevard” picard

La lecture de la carte des itinéraires entre Dunkerque et la Seine est sans ambiguïté : une large majorité des Diagonalistes emprunte la D928 de Bergues à Hesdin puis rejoint Oisemont et Aumale, soit par Abbeville, soit en contournant cette localité par St-Riquier.

A Aumale, 6 Diagonalistes sur 10 gagnent la vallée de la Seine par Gournay-en-Bray et Gisors, tandis que les autres n’hésitent pas à se diriger, via Forges-les-Eaux, vers la belle forêt de Lyons, au prix de quelques bosses (parfois sévères) supplémentaires (kilométrage identique).

Entre Les Andelys, Vernon et Bonnières, ce sont 40 parcours sur 54 qui franchissent

la Seine, à l’issue d’une trajectoire aussi tendue que possible, au plus près de la trace

directe.

La distance entre Dunkerque et Les Andelys par cet itinéraire est de 244 km (moyenne sur 23 fiches).

Les autres parcours (14) optent :

– soit pour une trajectoire “est” (9), par Amiens, Beauvais ou Airaines et Poix-en-Picardie pour franchir la Seine (comme Régina) à Mantes la Jolie et préparer une traversée “pleine Beauce” à l’est de Chartres ;

– soit pour une trajectoire “ouest” (5) par le Boulonnais, le Ponthieu et le Pays de Bray, pour passer la Seine à Rouen (ou Pont de l’Arche) et s’engager sans hésitation vers les reliefs du Perche et des Alpes Mancelles.

7.2.2 – De la Seine à la Garonne, en passant par la Touraine : l’éclatement des itinéraires

Si le point de traversée de la Seine n’est pas très important pour la suite de l’itinéraire, le choix du mode de franchissement de la Garonne/Gironde est, par contre, fondamental : pont ? ou bac ?

Selon ce choix , la trajectoire sera :

– “est” : passage de la Garonne entre Langon et Bordeaux, avec une traversée de la Loire entre Langeais et Mer, une jonction Seine – Loire par les platitudes de la Beauce et une “descente en Aquitaine” par les hautes terres poitevines et angoumoises ;

– ““ouest” : traversée de la Gironde sur l’un des deux bacs, Royan ou Blaye, avec un franchissement de la Loire dans le secteur Langeais – Semur – Les Rosiers, un parcours assez accidenté dans la traversée du Perche et des Alpes Mancelles puis une route plus facile au sud de la Loire par les bocages poitevins et les basses terres charentaises.

Choix symétrique et sans grande importance, dans la mesure ou les trajectoires restent tendues vers l’objectif, pour ne pas accroitre inutilement le kilométrage, et où les reliefs traversés restent modérés : il est souvent plus facile – pour le moral et le fessier – de traverser une zone de collines que de “languir” dans les grandes plaines du sud-parisien. Surtout que, plus au sud, les Landes sont a peu près incontournables …

Les deux cartes des pages suivantes mettent en évidence, d’une part le choix des diagonalistes (faible préférence pour la voie “terrestre” à l’encontre du bac) et d’autre part l’extrême dispersion des trajectoires ! Fini, le “Grand Boulevard du Nord” ! Entre Seine et Garonne, a peu près chaque route de direction sud-est, voit passer au moins un diagonaliste “DH” ou “HD” tous les 3 ou 4 ans ! Y compris l‘infernale N10 et ses innombrables “35 tonnes” ibériques !

Il est bien difficile de déterminer dans cet enchevêtrement de tracés une trajectoire préférentielle.

Nous retiendrons néanmoins, au départ des Andelys :

– un itinéraire “est” par Dreux, Courville, Mondoubleau, Tours (km. 245), Châtellerault, Civray, Aigre, Libourne, Langoiran (km. 360), long de 600 km

– un itinéraire “ouest” par Evreux, Bellême, Connerré, Bourgueil (km. 275), Parthenay, Melle, Cognac, Jonzac, Blaye (km. 280), long de 555 km

7.2.3 – De la Garonne 4 Hendaye, la forêt landaise …

Incontournables, les infinies lignes droites de la forêt landaise ! Au minimum sur 125 km pour ceux qui franchissent la Garonne à l’est de Bordeaux, au mieux sur 250 km pour ceux qui empruntent le bac entre Royan et Le Verdon. Au départ d’Hendaye, c’est un hors-d’œuvre laborieux, à l’arrivée de Dunkerque, c’est une épreuve douloureuse.

Toutes les trajectoires convergent sur Bayonne, avec une nette tendance vers l’axe Mimizan-Hossegor (plus des 2/3 des passages).

Un petit dixième de l’effectif seulement, depuis Tartas ou Dax, met le cap sur Peyrehorade par les reliefs de la Chalosse, pour rejoindre la tranquille D261 qui borde l’Adour.

Le final est classique. Ceux qui “en finissent” optent pour la corniche basque, tandis que ceux qui partent au petit jour préfèrent la N10, surtout avec la nouvelle situation du Commissariat Central à la sortie d’Hendaye.

Pour l’itinéraire “Est”, la distance de Langoiran à Hendaye est de 222 km (sur 10 fiches).

Le trajet “Ouest”, à partir du débarcadère du bac de Blaye, à Lamarque, elle est de 260 km (sur 12 fiches). Ces distances, comme les précédentes, sont des moyennes arrondies, calculées à partir des fiches d’itinéraire (après correction des erreurs détectées ou exclusion des itinéraires “hors norme”).

7.3 – Statistiques

7.3.1 – Distances

Suivant les deux axes retenus précédemment, la distance de Dunkerque à Hendaye est égale à :

– 244 + 600 + 222 = 1066 km par Tours et Langoiran

– 244 + 555 + 260 = 1059 km par Bourgueil et Blaye

La distance de référence, adoptée par Georges MAHE en 1981, était de 1050 km. Un calcul récent effectué par Francis POUZET, basé sur les fiches des 12 dernières années (plus de 250 fiches, y compris celles qui “divaguent un peu dans le campagne”), donne 1069 km.

Ces valeurs concordent parfaitement avec notre étude.

On peut faire :

– plus court, soit 1030 km, en passant par Abbeville, Rouen, Alençon, Le Mans, Saumur, Parthenay, Niort, Rochefort et Royan – mais ce trajet comporte d’assez nombreux tronçons de routes nationales, de traversées de villes … et le département des Deux-Sèvres qui est très accidenté.

– encore plus court, soit 1015 km, en passant par Hesdin, Aumale, Mantes-la-Jolie, Chartres et la N10 jusqu’à Hendaye – les deux téméraires qui ont choisi cet itinéraire en sont sortis vivants et … gavés d’oxyde de carbone, tout en empruntant des tronçons interdits aux cycles, comme à St-André-de-Cubzac ou Poitiers.

– plus long …, soit 1100 km et davantage, en choisissant un parcours en “S”, le plus plat possible (par la Beauce et le Bocage Poitevin) ou assez montagneux (par le Perche et les hautes terres limousines) … ou bien encore, en allant “faire une bise à la cousine Adèle” ou “chercher un petit col dans le Boulonnais, à moins que ce ne soit un BCN-BPF”. Mais chacun est bien libre de “Diagonaliser” comme il l’entend …

7.3.2 – Relief et dénivelée

Dunkerque – Hendaye est considérée, comme une Diagonale, “sans difficultés”. La dénivelée totale de 5085m, que j’ai personnellement mesurée avec un altimètre Avocet en 1997, en dépit de notables “fantaisies” picardes et boulonnaises, confirme cette assertion.

Mais attention quand même ! II faut bien tracer sa route !

“Plate et roulante, la Diagonale Hendaye-Dunkerque ? Que les esprits naïfs aillent donc apprécier de plus près !” s’exclame Pierre Roques dans son compte-rendu en 1992.

7.3.3 – Délais et nombres d’étapes

Selon les bases du calcul effectué en 1981 (moyenne horaire de 17,5 km/ pendant 16h, soit 280 km/jour), le délai imparti devrait être de 3 jours et 12 heures ou 84 heures. Le “Grand Ordonnateur” fédéral nous ayant accordé 4 heures supplémentaires, soit 88 heures, toutes les fantaisies citées plus haut (les BCN,-BPF, la chasse aux cols et la bise à Adèle) sont autorisées. Nul ne saurait s’en plaindre …

Le découpage est simple. Tous les projets comportent 4 étapes, plus ou moins longues, suivant le cas. Quelques “irréductibles” de la route de nuit partent en fin de journée, mais la grande majorité des projets (près de 4 sur 5) prévoient un départ “à l’aube”.

Si l’on prend une base de 280 km durant les trois premiers jours, avec un départ a 5h00 du matin, il reste 200 km à 240 km (selon l’itinéraire choisi) pour boucler le quatrième jour, avant 21h. Soit 4 étapes “équilibrées”, avec route de jour possible à 100% pour ceux qui ne trainent pas trop lors des contrôles et ravitaillements …

Attention aux horaires des bacs ! Ils varient en cours de saison, en cours de semaine (moins de rotations les jours fériés) et la fréquence de rotation change en cours de journée. Il est donc préférable de se renseigner auprès du Service Maritime Départemental :

@ 05 56 09 60 84 pour Royan-Le Verdon et 05 57 42 04 49 pour Blaye-Lamarque.

7.4 – Pour conclure

Dunkerque-Perpignan ? “Fastoche !” disent les anciens quand ils utilisent le jargon de leurs petits-enfants. Mais, il faut rester prudent. Une Diagonale n’est jamais facile, n’est-ce-pas Pierre Roques ?

Cette analyse a été faite en mars 1998.

7.5 – Compléments

Extraits des Etudes “Routes interdites et Chemins conseillés”

7.5.1 – Pour les entrées/sorties de Dunkerque et d’Hendaye

Consulter l’Annexe B de ce document ou le site de ADF

7.5.2 – Pour rejoindre Bergues

Voir Annexe A, sous-chapitre A1

7.5.3 – Les pièges de la Nationale 10 d’Hendaye à Poitiers

Cartes : Michelin 232 ou 518, 233 ou 521 et 234 ou 525

7.5.3.1 – Entre Hendaye et Liposthey, traverser Bayonne

Voir Annexe A, sous-chapitres C1 et C2

7.5.3.2 – Environs de Bordeaux

Courrier de Francis POUZET (Bordeaux) – décembre 2000

«Au sud de Bordeaux, la RN10 est autorisée aux cycles sur toute sa longueur, jusqu’à ce que cette 2×2 voies devienne autoroute. Mais :

– de St-Geours-de-Marenne (32 km nord de Bayonne) à Castets, soit sur 22 km, une voie latérale pour les cycles existe : c’est parfait … à part le bruit des camions.

– de Castets à Le Muret (72 km nord de Castets), il faut rouler sur la 4 voies avec les camions car la bande d’arrêt d’urgence est peu roulante, voire mal revêtue.

– du Muret à Gradignan (banlieue sud de Bordeaux – tronçon de 40 km), route tranquille.»

Pour la traversée de Bordeaux, consulter le paragraphe suivant.

Francis POUZET recommande de faire la liaison Bayonne-Bordeaux par la route des lacs landais (Vieux-Boucau, Mimizan, Parentis-en-Born, Mios). Le surcoût kilométrique est faible : 8 km.

 

7.5.3.3 – Secteur d’Angoulême

Courrier de Georges AUGERAUD (Angoulême) – 4 juin 1998

«La RN10, bien que pas interdite aux cyclos, est à proscrire impérativement entre St-André-de-Cubzac et Poitiers, en raison du trafic intense de camions. II faut un certain courage mais aussi une bonne dose d’inconscience pour s’embarquer là-dessus. II est facile de prendre des itinéraires parallèles.

Pour aller d’Angoulême à Confolens, j’invite les diagonalistes à ne pas utiliser la RN 141 (La Rochefoucault, Chasseneuil) qui, au fil des ans, est devenue un axe transversal à très fort trafic et qui présente un réel danger car il est encore à deux voies, sans bande latérale.

7.5.3.4 – Environs de Poitiers

Courrier de Pascal Augouvernaire (Poitiers) – 24 septembre 1998

«De Couhé-Verac (km. 35 sud) à Poitiers, la RN10, est à 2×2 voies et interdite aux vélos. Route sans intérêt si ce n’est une invitation au suicide …

La RN147 (Angers – Poitiers – Limoges) est extrêmement dangereuse : très nombreux camions et pas de bande latérale.

La RN151 (Poitiers – Le Blanc – Argenton s/Creuse) est plus large et moins fréquentée, donc plus sûre.»

Par ailleurs, Pascal a adressé un courrier à la DDE de la Vienne pour connaitre les tronçons de la N10, interdits aux cycles. La réponse de la DDE en date du 4 juillet 2001 est aussi brève que précise :

«Monsieur,

Suite à votre lettre du 15 juin, j’ai l’honneur de porter à votre connaissance que les cycles sont interdits sur la R.N.10 sur toutes les sections à 2×2 voies à chaussées séparées.»

Il est probable que toutes les DDE concernées d’Hendaye à Paris feraient une réponse identique … Et comme les secteurs à 2×2 voies ne font qu’augmenter en nombre et en longueur au fil du temps, notre recommandation est, plus que jamais, de renoncer définitivement à cette ” route sans intérêt si ce n’est pour une tentative de suicide …” comme l’écrit Pascal.

7.5.4 – La traversée de l’agglomération bordelaise

Francis POUZET conseille d’éviter la traversée de la Gironde par les bacs de Royan ou de Blaye dans le sens nord-sud, itinéraire qui implique une très forte contrainte horaire (dernier bac à 21h15 en été) et, en cas de retard, l’obligation d’attendre le premier départ à 7h15 le lendemain. Il est beaucoup plus sûr de traverser l’agglomération bordelaise, à partir de Saint-André de Cubzac, en suivant l’itinéraire noir sur le schéma et les conseils qui suivent.

7.5.4.1 – De Saint-André-de-Cubzac au carrefour des 4 Pavillons

Suivre l’ancienne nationale 10; itinéraire sans pièges, même si la route joue à 4 reprises à «saute A10» (deux passages inférieurs et deux passages supérieurs) ; à signaler un peu avant le carrefour des 4 Pavillons à Lormont, la présence du Buffal’Hôtel (40 chambres à 38,5 euros pour 2 personnes – parking pour les vélos, veilleur de nuit donc départ à toute heure, cafétéria Carrefour et Mac Do proches) ; l’intérêt d’une étape à cet endroit est de faciliter la traversée de Bordeaux au petit jour, hors circulation.

7.5.4.2 – Des 4 Pavillons au pont de Pierre

Peu après le départ du carrefour, traverser le premier pont qui enjambe la 4 voies (en fait les 2 voies centrales) pour prendre la piste cyclable à double sens de l’autre coté (piste en assez mauvais état) ; à la fin de cette piste traverser l’avenue Jean Jaurès pour suivre la piste cyclable sur le trottoir (nombreux caniveaux), durant environ 3 km (avenues Jean Jaurès, puis Thiers) ; pas d’erreur possible : c’est toujours tout droit jusqu’à la Garonne ! Dans le cas d’un départ avant 6h00 du matin, on pourra sans problème rouler dans les couloirs de bus dès le départ du carrefour des 4 Pavillons (descente rapide au départ).

7.5.4.3 – Du pont de Pierre à la rue de Pessac

Sur le pont, rouler sur le trottoir, bien que la piste ne soit pas matérialisée. A la sortie du pont, continuer tout droit, passer sous (ou à côté) de la porte des Salinigres et prendre le cours Victor Hugo ; après 800 m environ, traverser le cours Pasteur (tram) et suivre la rue de Cursol, sur environ 300 m; tourner à gauche (angle de la place de la République) dans la rue Jean Burguet (on longe I’hôpital sur la droite ) ; après 300 m, traverser le cours Aristide Briant et prendre, en face, la rue Costedoat ; 100 m plus loin s’engager à droite dans la rue de Pessac

7.5.4.4 – Sortir de l’agglomération

C’est TOUJOURS TOUT DROIT ! Au bout de 7 km environ, on passe sur l’A630 ; Marcheprime est au bout de la ligne droite, … à 20 km

AUTRE OPTION pour traverser l’agglomération bordelaise : le pont d’Aquitaine

Option préférable à la précédente en pleine journée mais plus longue et inutilisable jusqu’à l’automne 2005 quand la piste cyclable du Pont d’Aquitaine sera enfin ouverte. Il suffira alors de suivre les boulevards extérieurs (avec une étroite bande cyclable), où les panneaux directionnels sont bien explicites.

Pour une traversée dans le sens Sud-Nord, cette option est beaucoup plus simple, car en centre-ville, on se heurte à un sens interdit, dans les rues Costedoat et J. Burguet.

Pour les contourner, au débouché de la rue de Pessac, il faut continuer rue Villedieu (50m), tourner à gauche rue Tanesse (50m), couper le cours A. Briand (feux), puis tout droit, rue Paul-Louis Lande. On débouche au carrefour rue Cursol – Cours V. Hugo.

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