Ce matin une goutte d’eau m’a souri. Alors moi je lui ai souri. Normal. On a eu le même échange quelques minutes avant avec un papillon et tout s’est très bien passé. Sauf que voilà-t’il pas que la goutte ramène toutes ses copines (souriantes également) et un mur de flotte s’abat sur le convoi (le vélo et le conducteur).
Le bus m’a déposé à la gare de Passau à 3h30 du matin. C’est dans le sud-est de l’Allemagne, frontalier avec la République Tchèque et l’Autriche. Les vingt heures de trajet depuis Paris ont été plutôt paisibles, quoique étonnantes parce que le bus fait des arrêts dans les centres des grandes villes, ce qui prend pas mal de temps. Avec l’excitation du départ, pas mangé ni dormi.
A 3h45 les sacoches sont fixées sur le vélo, j’en rajoute deux en montant sur la selle et en route pour Orléans. La nuit noire, la pluie diluvienne qui tapisse la piste et fait toujours se demander si on est en train de s’enfoncer dans le fleuve ou si c’est encore le chemin, le vent violent qui fait tout bouger et grincer, une alarme d’usine qui se déclenche à mon passage, le coin plutôt paumé (et sévèrement industriel) … tout cela met très vite dans le bain.
A cette hauteur du Danube c’est plutôt industriel. Le fleuve est gros et son canal aussi. C’est quasiment des paquebots qui circulent dessus.
Puis le jour se lève. La pluie s’est calmée. Avant elle mouillait jusqu’à l’os en 3 secondes. Maintenant on est passé à 10 secondes. Cette frénésie dure jusqu’à 9h du matin. Puis de rares (mais grosses) gouttes. Et à 11h le ciel se déchire, un coin de ciel bleu apparaît, le soleil fait toc-toc aux nuages. Et à midi grand beau temps. Le reste de la journée se fait sous le cagnard. Moi qui allais plaisanter sur le légendaire temps en Allemagne. Ouuu!
Le pays est connu pour son réseau cyclable. La réputation n’est pas surfaite. C’est du large chemin hautement carrossable tout du long, et en ville 100% de pistes cyclables. Le vélo a sa place ici. Mais bon c’était ça ou alors jeter les cyclistes en pâture aux voitures ultra rapides. Petit pari sur un pont en traversant une autoroute : il va y avoir une audi à fond sur la file de gauche. Gagné! C’était facile. Donc il y a des vélos partout, quasiment tous avec des sacoches, mais peu aussi biens que le mien.
Le Danube est beau, taille de larges vallées avec parfois des falaises demandant à contourner par les hauts. Les gens sont souriants, accueillants.
Ce premier jour 140 kilomètres de Passau à Regensburg (sur la rivière Regen).
Voir le jour suivant (2)
[…] première prise de conscience date de 2017, sur la Véloroute des Fleuves. Tout juste sorti du boulot, parachuté par un bus au bord du Danube sous la pluie, j’étais […]