Le constat

Mais pourquoi mon GPS capture-t-il toujours plus de montée sur le terrain que sur Openrunner (ou Garmin Connect, […]). Et pourquoi deux GPS ne vont-ils pas donner le même dénivelé alors qu’ils sont tous deux calibrés de la même manière (s’ils capturent un point au même endroit, le point sera à la même altitude).

Côté sites en ligne je pense que c’est une contrainte de restitution. Les montées et descentes sont nivelées pour s’afficher correctement sur un graphique. Le problème c’est que l’estimation est également nivelée. Tous les sites ne nivellent pas, mais quand même un peu. Ou ils rament à l’affichage, ou ils nivellent. La preuve est que quant on extrait la trace (par exemple dans Excel) et que l’on recalcule manuellement on trouve un dénivelé supérieur à celui annoncé sur le site internet (et très proche sinon égal à celui de Basecamp).

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Côté traces capturées sur le terrain cela vient de la façon de prélever les points. Si le GPS prend un point toutes les secondes et qu’une voiture lancée pleine balle capture un point avant une bosse et un point après la bosse alors le dénivelé sera nul, comme si la bosse était effacée. C’est le même effet lorsque l’on dessine un parcours sur un site en ligne. Garmin Connect (par exemple) permet de tracer très précisément (avec l’option ‘suivre les routes’ très pratique, sous réserve de surveiller dans les zones complexes qu’il prend bien la route qu’on veut).

Garmin donne donne des distances très proches de celles que l’on reproduit sur le terrain. Le problème c’est que Garmin s’intéresse uniquement à la distance (sans doute parce que ses principaux clients sont des voitures). Il s’en fout du dénivelé. Donc sur une longue ligne droite il va poser un point au début et un à la fin, sans se demander si ça bosselle au milieu.

On pourrait dire : oui mais on s’en fout. On monte sur le vélo et on verra bien. Oui, tout à fait. Pourquoi s’embêter avec ces questions de dénivelé ?

Pour ceux que ça intéresse malgré tout, la suite de cet article approfondit l’analyse en prenant pour exemple les traces du Paris-Brest-Paris (PBP) 2019.

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La solution (théorique)

La solution est de poser des points intermédiaires dans la trace, beaucoup de points. Un tous les 5 mètres. La trace d’origine du PBP donne 1200 kilomètres de distance pour 10000 mètres d’ascension (ou d+). Cela donne en moyenne un point tous les 120 mètres. Sur ces 120 mètres il y largement de quoi insérer un petite bosse qui sera invisibles des radars.

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Ici on est dans les 500 derniers mètres séparant du kilomètre 11. En rouge le tracé initial donnant 4 mètres de montée. Le tracé avec les points intermédiaires donne 9 mètres d’ascension.

Comment ajouter des points intermédiaires ?

Pré-requis : disposer à la base d’une trace bien dessinée (qui ne sort pas des routes). Ici pas de problème la trace du PBP 2019 est très bien.

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La trace suit bien les routes, pas besoin de la redessiner

Dans le cas contraire, redessiner la trace en ligne en suivant les routes.

On sait calculer la distance entre deux points GPS (par exemple dans Excel). La première page de résultats G00gle fournira la formule et un exemple de fichier à utiliser. Dans la même logique on sait calculer le cap entre deux points. Ca donne toutes les clés pour compléter n’importe quelle trace. Pour deux points espacés de 100 mètres, on va ajouter un nouveau point tous les 5 mètres en suivant le cap entre le point de départ et le point d’arrivée.

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La trace du PBP avait 14000 points. Elle en a à présent 240000. Attention cette nouvelle trace ne peut pas être chargée dans un GPS sinon ce dernier (au mieux) fumera. Elle est exclusivement destinée à faire une estimation des altitudes.

Une fois les 240000 points fixés on peut les envoyer sur des sites en ligne qui ajoutent les altitudes et on peut commencer à calculer.

La statistique globale

Le tracé du PBP dans Basecamp est donné à 13000 mètres d’ascension. Après ajout des points il est donné à 19000 mètres.

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En rouge l’estimation de Basecamp. En bleu l’estimation après ajout des points intermédiaires.

 Exemples sur tranches de 500 mètres

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La dernière moitié du kilomètre 994

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Le kilomètre 16

Premières conclusions

Il y a un dénivelé qui avalé par la force d’inertie, par exemple après une descente. Cela veut dire que les 9000 mètres ajoutés à l’estimation initiale ne seront pas forcément 9000 mètres à passer en pédalage.

Un autre point est à vérifier quand internet pose les altitudes sur les nouveaux points : dans les pays comme la Norvège (des cailloux ou des montagnes dans de l’eau) les tunnels et ponts ne sont pas traités, peut être parce qu’il y en a trop. Du coup les altitudes données passent sur la crête des montagnes alors que le tunnel passe au niveau de l’eau. Tout ça est à retraiter manuellement. Mais bon tous les pays sont pas comme la Norvège 🙂

Si cet article vous a intéressés, je suis très demandeur pour vos remarques et questions.